La deuxième partie de l’ouvrage suit l’évolution des modèles macrodynamiques après le règlement des premières questions sur les fluctuations cycliques. Une étape importante dans cette direction est franchies par Tinbergen au milieu des années 1930, en partie en réponse aux résultats qu’il a découverts dans des modèles à équilibres multiples. Les idées de Tinbergen sur le sujet ont été fortement influencées par des économistes comme Irving Fisher et Wilhelm Röpke.

Alors que l’histoire habituelle se concentre sur l’estimation par Tinbergen d’un ensemble d’équations lorsqu’il travaillait pour la Société des Nations, nous ne sommes pas tellement intéressés par cette approche – qui, malgré son originalité, a également été fortement critiquée – mais plutôt par la continuité entre les ensembles d’équations que Tinbergen a confrontées aux données néerlandaises et américaines, et ses explorations antérieures des conséquences des équilibres multiples sur la stabilité et la politique économique. Cela permet de donner une nouvelle perspective sur les objectifs de la politique économique : l’idée qu’elle devrait amortir les fluctuations est bien plus forte lorsque le risque de l’inaction est un effondrement total de l’économie !

Les chapitres de cette deuxième partie explorent également comment d’autres économistes et économètres tels que Kalecki et Kaldor ont compris le rôle de la politique économique dans les modèles macrodynamiques, en la contrastant avec les idées de Tinbergen. En particulier, en remontant au célèbre modèle multiplicateur-accélérateur de Samuelson, nous montrons que de nombreuses idées sur la politique économique contenues dans ses deux articles publiés en 1939 – idées qui ont souvent été manquées – étaient très proches de la propre formulation par Tinbergen de la relation entre accélérateur et multiplicateur.

Au milieu d’une nouvelle crise aux États-Unis à l’automne 1937, les débats sur le « pump priming » et les interventions publiques prennent ainsi un nouveau sens lorsqu’ils sont vus à travers les yeux d’économistes qui commencent à penser, contre toute formation et croyance, que ces interventions peuvent devenir un élément permanent de la vie économique : la pilule, pourtant difficile à avaler, doit être prise pour le restant des jours pour assurer un niveau de revenu et d’emploi plus élevé. Cette idée trouve un soutien particulier chez ceux, comme Alvin Hansen, qui commencent à parler de stagnation séculaire

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