La troisième partie du livre traite de la nouvelle voie de recherche ouverte par Samuelson au début des années 40 et suivie par Oskar Lange et plusieurs chercheurs de la Cowles Commission. Alors que dans les premiers modèles macrodynamiques de Tinbergen et d’autres économètres, l’instabilité restait souvent localisée et gérable par une politique économique adaptée, les questions soulevées par la reformulation par Samuelson des relations macrodynamiques en termes walrasiens, souvent ambigus, entrainent de nouveaux problèmes d’instabilité globale et systémique.

Samuelson a largement évité d’affronter ces problèmes, notamment en éludant la question de l’influence de la baisse des salaires sur l’économie. Bien qu’il ait été poussé par Pigou et d’autres à faire face à ce problème, il n’a jamais exactement expliqué pourquoi il ne le considérerait pas dans ses modèles ; son insistance sur la stabilité via le principe de correspondance, et ses échanges avec Oskar Lange montrent qu’en fait, il considérait les mouvements de salaires pour la plupart déstabilisants, et donc inadaptés à l’application de l’analyse comparative au coeur de son approche macroéconomique.

Socialiste convaincu et actif, Lange n’a pas pris autant de précautions : son travail à la Cowles Commission visait spécifiquement à découvrir les effets déstabilisateurs inhérents à l’économie, et il a brossé un sombre tableau d’un monde en train de s’effondrer dans sa monographie. Ses idées, écrites et communiquées alors qu’il était le chercheur le plus influent de la Commission et l’éditeur (temporaire) d’Econometrica, ont eu un impact notable, mais pas toujours dépourvu de critiques, sur ses étudiants et ses pairs – Hyman Minsky, Don Patinkin, Lawrence Klein…

Billets dans cette section :